- martingale
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• 1611; chausses à la martinguale 1491; provenç. martegalo, de MartiguesI ♦1 ♦ Courroie du harnais du cheval, qui relie la sangle (sous le ventre de l'animal) à la partie de la bride qui passe sur le chanfrein.2 ♦ (1873) Bande de tissu, de cuir, etc., placée horizontalement dans le dos d'un vêtement, à hauteur de la taille. ⇒ 1. patte. Veste à martingale.II ♦ (1762; du provenç. jouga [« jouer »] a la martegalo) Manière de jouer consistant à miser le double de sa perte du coup précédent. Jouer la martingale à la roulette.♢ Par ext. Combinaison, plus ou moins scientifique (calcul des probabilités), au jeu. Inventer, suivre une martingale. « Elle prétendait s'y faire des revenus [au casino] grâce à d'habiles martingales » (Beauvoir).martingalen. f.rI./rd1./d Courroie qui relie la sangle, sous le ventre du cheval, à la bride.d2./d Demi-ceinture qui retient l'ampleur du dos d'un vêtement.rII./r JEU Action par laquelle on mise sur chaque coup le double de sa perte du coup précédent.— Par ext. Système de jeu qu'un joueur applique méthodiquement. Suivre une martingale.⇒MARTINGALE, subst. fém.A. —ÉQUIT. Élément du harnachement du cheval consistant en une courroie de cuir reliant la sangle, soit à la muserolle (martingale fixe), soit aux rênes (martingale à anneaux) et destinée à empêcher le cheval d'encenser ou de porter au vent. Celui-ci se pavanait sur une selle anglaise, ornée de têtière, de croupière et de martingale (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p.207). Il a été question (...) de martingale à anneaux. Je crois lui avoir dit que le cheval s'appelait Jupiter (HALÉVY, Mar. am., 1881, p.37).— P. anal.♦Arg. Courroie servant à attacher les condamnés. Le gardien (...) lui avait fait grâce [à L., condamné à mort] de la martingale, et avait laissé du jeu aux manches de la camisole (JOIGNEAUX, Prisons Paris, 1841, p.300):• 1. ... au moyen d'une corde fixée au cou, on ajouta au système de ligatures qui lui rendaient toute évasion impossible cette espèce de lien, appelé dans les prisons martingale, qui part de la nuque, se bifurque sur l'estomac, et vient rejoindre les mains après avoir passé entre les jambes.HUGO, Misér., t. 2, 1862, p.435.♦HABILLEMENTPatte, semblable à une demi-ceinture, placée dans le dos d'un vêtement pour en retenir l'ampleur ou pour marquer l'emplacement de la taille. Est-ce que jamais vous n'avez marché auprès d'elle en la tenant par la martingale de son petit paletot marin? (MONTHERL., Songe, 1922, p.19). Les manteaux (...) sont de coupe ample (...) pour le sport, (...) avec ou sans martingale, ils se ferment assez haut (Le Monde, 1er nov. 1951, p.6, col. 4):• 2. Il y a des capotes de toutes les teintes, de toutes les formes, de tous les âges. Celles des grands sont trop petites, et celles des petits trop longues. La martingale de Fouillard lui bat minablement les fesses...DORGELÈS, Croix bois, 1919, p.64.HIST. DU VÊT. Chausses à la martingale. Chausses, culottes dont le pont était placé et se rabattait par derrière. (Ds LITTRÉ, GUÉRIN 1892, DG, Lar. Lang. fr.).♦MAR. ,,Cordage qui sert de sous-barbe pour le bout-dehors de beaupré: lorsqu'on a un bout-dehors de clin-foc, on y installe aussi une martingale, dite de bout-dehors de clin-foc`` (GRUSS 1952). Les bouts dehors de grand foc et de clinfoc sont tenus latéralement par des haubans qui viennent se fixer aux bossoirs et longitudinalement par une martingale (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p.61).Arc-boutant de beaupré ou de martingale.B. — JEUX DE HASARD. Coup consistant à doubler la mise qu'on a perdue au coup précédent. Jouer la martingale à la roulette:• 3. ... ce qui passe toute permission, ce qui crie véritablement vengeance, (...) c'est d'entendre un faiseur de chronique signaler ma maison comme un tripot, parce qu'on y donne à jouer, et me signaler moi-même comme un héros de martingale [it. ds le texte] ou d'intermittence.JOUY, Hermite, t. 2, 1812, p.299.— P. ext. Méthode plus ou moins exacte, mise au point à partir de l'observation du rythme des gains et des pertes au jeu, et grâce à laquelle le joueur espère assurer ou accroître ses gains. Inventer, suivre une martingale:• 4. Il avait peur (...) que je répète aux alentours qu'il jouait à Vincennes... que ça revienne aux abonnés. Il me l'a dit un peu plus tard... Il perdait énormément, il avait pas beaucoup de veine, martingale ou yeux fermés, il revoyait rien de ses paris... sur Maisons, Saint-Cloud, Chantilly... C'était toujours le même tabac... C'était un véritable gouffre...CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.423.♦Au fig. À force de s'emplir et de se vider, la boutique ressembla aux farces de Nicolet, la nature des marchandises s'améliora. Le ferrailleur suivit cette prodigieuse et sûre martingale (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p.108). Il [Lamartine] s'enfonce toujours plus avant dans ses malheureuses combinaisons et poursuit une folle martingale, au bout de laquelle ne se sont jamais trouvés que la ruine et le désespoir (BARRÈS, Maîtres, 1923, p.221).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. A. 1. 1491 chausses à la martingale «chausses munies d'un pont à l'arrière» (10e Cpte roy. de P. Briçonnet, f° 5 ds GAY, s.v. chausses); 1535 (RABELAIS, Gargantua, chap. 19, éd. R. Calder, M. A. Screech, V. L. Saulnier, p.126, var.); 1542 Martingalle «pont à l'arrière des chausses» (ID, Pantagruel, chap.7, éd. V. L. Saulnier, p.40, var.), seulement au XVIe s., v. HUG., s.v. martingale et chausse1; 2. 1611 «courroie du harnachement du cheval reliant la sangle à la muserolle» (COTGR.); 3. 1836 mar. (RAYMOND, Suppl. au dict. de l'Ac. fr.); 4. 1902 «bande de tissu placée horizontalement dans le dos d'un vêtement pour en retenir l'ampleur» (Nouv. Lar. ill.). B. 1760 jeux faire la martingale «jouer le double de ce qu'on a perdu» (DIDEROT, Lettres à Sophie Volland, 6 nov., t. 1, p.183); 1801 martingale «combinaison plus ou moins scientifique destinée à assurer des gains» (L. B. PICARD, Les Provinciaux à Paris, II, 1 ds LITTRÉ). Prob. issu, avec insertion d'un n, fréq. en lang. d'oc (v. RONJAT t. 2, pp.363-364), du prov. martegalo, fém. de martegal «habitant de Martigues», les Martigaux ayant eu, en raison de la situation isolée de leur ville à l'embouchure de l'étang de Berre, une réputation de naïveté, de bizarrerie et d'extravagance (cf. prov. martegau «naïf, qui s'étonne de tout», martegalado «naïveté, badauderie» ds MISTRAL; cf. l'expr. à la martingal(l)e «d'une manière absurde» att. au XVIe s. ds HUG.): des chausses dont le pont est placé à l'arrière, c'est un vêtement conçu de manière absurde, de même que jouer le double de ce qu'on a perdu, c'est une manière absurde de jouer. Voir H. E. KELLER ds R. Ling. rom. t. 23, pp.293-299, et FEW t.6, 1, p.383. Fréq. abs. littér.:33. Bbg. AUTHEVILLE (P. d'). Termes tech. empl. en sellerie. Banque Mots. 1977, n° 14, pp.157-158. — GEBHARDT (K.). Mots d'empr. et dat. de mots. Cah. Lexicol. 1976, n°28, p.122.
martingale [maʀtɛ̃gal] n. f.ÉTYM. 1491, chausses à la martingale, « qui est un pont-levis de cul pour plus aisément fienter » (Rabelais, 1534); provençal martegalo, selon Guiraud, « cordage servant de sous-barbe », d'où « attache », de Martigues, port des Bouches-du-Rhône.❖———1 (1611, par anal. des « chausses à la martingale »). Courroie du harnachement du cheval, qui relie la sangle (sous le ventre de l'animal) à la muserole. ⇒ Harnais. || La martingale empêche le cheval de donner de la tête. — Par analogie :1 (…) cette espèce de lien, appelé dans les prisons martingale, qui part de la nuque, se bifurque sur l'estomac et vient rejoindre les mains après avoir passé entre les jambes.Hugo, les Misérables, V, I, VI.♦ Par anal. Mar. « Cordage qui sert de sous-barbe pour le bout-dehors de beaupré » (Gruss).2 (XIXe). Bande de tissu, de cuir, de fourrure, etc., placée horizontalement dans le dos d'un vêtement, à hauteur de la taille, pour en retenir l'ampleur… (⇒ Patte). || Martingale d'une capote (cit. 1), d'un manteau, d'une veste. || Martingale cousue, boutonnée…1.1 Il exhibe d'étonnants costumes de sport à martingales et à poches multiples.B. Cendrars, Moravagine, Œ. compl., t. IV, p. 180.———II Fig. (1762; du provençal jouga « jouer » a la martegala; à la martingale a signifié « bizarrement, absurdement » au XVIe). Manière de jouer qui consiste à miser à chaque coup le double de ce qu'on a perdu sur le coup précédent. || Jouer la martingale à la roulette. — Par ext. Combinaison, basée sur le calcul des probabilités, au jeu (cit. 43). || Inventer, suivre une martingale. || Martingale qui oblige le joueur à des calculs compliqués.2 Pour les ambitieux, Paris est une immense roulette, et tous les jeunes gens croient y trouver une victorieuse martingale.Balzac, Z. Marcas, Pl., t. VII, p. 747.3 Favorisé par la chance qui accompagne, dit-on, les premières tentatives, Séil-kor gagna promptement à l'aide d'une martingale et put commander, chez le meilleur pâtissier de l'endroit, un monstrueux gâteau de Savoie destiné à paraître au milieu de la fête.Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 225.❖DÉR. Martingalé.
Encyclopédie Universelle. 2012.